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Ameublement

Histoire de l'Art, du mobilier et de l'ameublement 

Un clin d'oeil à l'histoire de l'ameublement français, à notre collection de tissus ameublement, à notre savoir-faire, à notre expérience.

 

L’art du siège au XVIII siècle en suivant la famille Heurtaut

 

Les grands noms de la menuiserie en sièges de l’époque sont Avisse, Cresson, Delanois, Foliot, Gourdin, Tilliard … et Heurtaut.

Un exemple :

Fauteuil à la reine vers 1757 par Nicolas Heurtaut, bois de hêtre peint en bleu-vert ; on notera le dossier à épaulement, les montants dont le mouvement est cassé par un jeu de moulures contrariées, les pieds enroulés vers l’intérieur, la découpe en arbalète de la traverse avant, et ces fameux chants plats en relief qui occupent le milieu des traverses. On remarquera surtout deux chefs-d’œuvre de menuiserie sur la vue latérale ; ensuite l’attache dossier-siège, réalisée par une grosse volute reprenant le colimaçon. Deux solutions pour lesquelles Heurtaut ferait figure de novateur …

Fauteuil ameublement Heurtaut siège ameublement Heurtaut

 

Au 18° siècle la fabrication de l’ameublement en bois était contrôlée par deux puissantes corporations : la communauté des maîtres menuisiers-ébénistes et la communauté des maîtres peintres sculpteurs.

On distinguait les menuisiers, exécutant des travaux en bois massifs, des ébénistes qui les plaquaient de bois « précieux ». Aussi, un siège était-il assemblé par un menuisier (plus précisément, un menuisier en sièges). Par ailleurs, suivant les règlements corporatifs, un menuisier n’avait pas le droit de sculpter ou d’employer un sculpteur dans son atelier. Et inversement, c’était la règle des deux unités ; séparation de travail, séparation de lieu. Un siège venant d’être monté par le menuisier devait donc obligatoirement partir chez le sculpteur pour y être sculpté. Cette règle fut strictement appliquée tout au long du siècle sauf les exceptions de talent comme Nicolas Heurtaut maîtrisant les deux métiers artistiques.

Nous nous en tiendrons à la personnalité de ce menuiser prestigieux à l’égal des plus grands, personnalité double : savoir si le sculpteur et le menuisier étaient un ou deux hommes différents. On est désormais certain, et des recherches l’ont montré, que Nicolas Heurtaut menuisier de siège et sculpteur furent une seule et même personne.

Le talent du menuisier était-il redevable de celui du sculpteur ? l’examen attentif de ses œuvres estampillées montre la permanence d’une sculpture si particulière par son originalité et par le traitement en fort relief des volumes, qu’elle implique la nécessité d’une préparation étroite et concertée du menuisier pour son sculpteur contrairement aux règlements en vigueur deux fonctions effectivement bien assurés et contrôlées dans un même atelier par Nicolas Heurtaut.

 

Histoire des tissus en France, place de l'ameublement français

 

Au XIX° siècle, la frontière entre tissus de confection et tissu d’ameublement reste tenue. Le début du XX° siècle se fait plus propice aux étoffes fluides et légères, la création textile contribuera à l’émergence d’un art total favorable à l’abolition des frontières entre art deco, tissu ameublement design, architecture et mode.

 

Lien vers notre collection de tissu d ameublement au metre

 

Le Modern Style réagira cependant à cette uniformisation en revalorisant des tissus ameublement de luxe

A leur tour, les tisserands entraîneront la création textile et la couture d'ameublement sur la voie du modernisme. Fort de leurs connaissances techniques, ils expérimenteront toutes sortes de combinaisons d’armures, de matières et d’apprêts possibles pour obtenir l’aspect, la tenue, le toucher exigés par la clientèle, comme l’on peut trouver sur notre site de ventedetissus.com, Tissage de Cardailhac.

Ils s’amuseront à mélanger les tons d’une façon exquise, allant des tonalités suaves aux plus chaudes : le grège avec du tête-de-nègre chiné, le rose avec le canari, l’ivoire avec l’argent … Ils inventeront mille et un façonnés : du sergé, de l’uni, des bouclettes, du mohair, du nid d‘abeille, des grains de riz, du damassé, des chevrons, de reps, de l’épinglé, du façon satin … la texture est devenue l’expression d’un dessin qui s’inspire de plus en plus des courants artistiques divers tel que le cubisme ; l’art nègre ou l’abstraction.

Toutes ces créations s’adaptaient indifféremment à la confection et à l’ameublement français des premiers intérieurs couture.

Les frontières entre les deux domaines étaient rompues. L’imbrication entre la décoration intérieure, la couture d'ameublement et la mode est désormais consacrée.

 

 

La synthèse française

De grands éditeurs de meubles et d’objets organisent pour la première fois à Paris, le 19 avril 1986, un « designer’s Saturday » dans seize magasins parisiens : opération portes ouvertes et promotion de jeunes créateurs.

La synthèse française le rationnel se frotte à l’ironie au réalisme. C’est l’art qui raisonne, Bizarre ! vous avez dit bizarre.

Bizarre, mais fabuleusement intéressant…

Années 80 le mot design, ne veut plus dire ce qu’il voulait dire en 1960, ne s’applique plus à ce à quoi il s’appliquait : les objets usuels, le mobilier … on dit par exemple Manathan design, Beaubourg design … ce qui veut dire style Manathan, style Beaubourg. Cette conception ne concerne plus le seul designer mais l’architecte d’intérieur comme l’architecte tout court, mais aussi l’artiste comme l’artisan et le technicien. C’est le décloisonnement des disciplines, des savoir-faire.

 

Ils sont tous d’accord, les designers et les architectes d’intérieur, Pierre Paulin, André Putman, Jean-Michel Wimotte, Michel Boyer ...

« En ce moment, en France il se passe quelque chose de sympathique ... quelque chose est en train de naître… ». Il était temps, car depuis la fameuse exposition internationale des Arts décoratifs et des Industriels modernes de 1925, en France rien d’essentiel, de nouveau n’était sorti. Bien sûr dans les années 55-60 on s’était déjà quelque peu réveillé (Pierre Paulin, Roger Taloin) mais les projecteurs restaient obstinément braqués sur l’Amérique, sur l’Italie, avec de furtifs éclairages sur la Scandinavie…

Il en est tout autrement en 1986, le design tissu ameublement contemporain se porte bien en France.

 

1985, La France joue l’équilibre serein de la géométrie classique, l’élégance naturelle…

Classique donc, mais attention, rien à voir avec le fronton du Parthénon…

Oui, le gout est à l’équilibre classique. La couleur est inutile sinon en touche, Michel Boyer (architecte intérieure de l’ambassade de France à Washington) déclare : « nous ne sommes pas intéressés par la surface des choses, mais par leur squelette … »

L’air du temps est à l’épure, au sobre, mais que l’on interroge les nouvelles stars du design français, tous, au détour d’une phrase ne manquent pas d’en parler.

 

L’esprit français étant de par sa nature et par définition académique, léger, ironique et piquant, son histoire est contenue presque toute entière dans l’histoire de la satire.

 

N’oublions pas que le cartésien est aussi le fils de Colbert. « Vous savez ce ministre, souligne Pierre Paulin, qui d’en haut réglait la France dans ces moindres détails, et décidait ce qu’il était bon et beau de produire et en quantité ! ». Pour qu’il se passe véritablement quelque chose en France, il fallait donc le bon vouloir, la détermination, la complicité des pouvoirs publics… concours, commandes de l’Etat, subventions, interventions diverses du réveil, dont Jack Lang fut le prince charmant.

Que voulez-vous, il en est ainsi, la politique influe et régit jusqu’au plus profond de nos désirs et plaisirs. Ce n’est pas nouveau, c’est Platon qui, il y a bien longtemps déjà, le constatait.

 

 

 

L’Art et la fonction font bon ménage, le spontané se fait une raison

 

L’anti-fonctionnalisme, l’anti-design c’est fini ...

Que se passe-t-il en France ? mais la naissance d’une formidable liberté qui « sait tenir compte ». Compte de quoi ? Mais du marché, du marketing. Où se construit, se manufacture le futur.

En 1985, plus de conflits entre le raisonné et le spontané, l’artistique et l’industriel … pas trop tôt, « Proust déjà notait que cette intelligence qui ne fait qu’apprendre et répéter, parfois comprendre, est bien peu de chose face à la force de l’instinct qui improvise, qui crée… il est vain, pense-t-il toutefois, de vouloir donner à l’un ou l’autre une primauté puisque, tout compte fait si elle (l’intelligence) n’a dans la hiérarchie des vertus que la seconde place, il n’y a qu’elle qui soit capable de proclamer que l’instinct doit occuper la première place».

Vous avez dit pièces uniques pour du mobilier … aux aurores du 21°siècle, c’est un comble !

Tant pis – tant mieux, la pièce unique, les séries limitées, numérotées, pour des sièges, des tables, des meubles ... on n’est plus contre, pas plus que pour les grandes séries (c’est l’Elysée et les Trois suisses qui ont fait connaître Philippe Starck) mais seulement si des pièces signées plaisent au public.

Il faut plaire, charmer. Gérard Gayou, éditeur de meubles toulousain a pris bonne note du succès grandissant des créateurs et de leur impact sur le public... et sur les ventes. Il crée une société, Tribu, pour « mettre en valeur l’artiste ».

Il a choisi des créateurs comme Paulin et Svékely, mais aussi – et ça c’est une innovation en France – des Italiens, un Japonais et un Viennois.

Des meubles signés, « cible d’achat coup de cœur, l’objet coup de foudre… comme en mode, comme dans la vie… »

La modernité en cette fin de siècle se porte donc bien, on la rencontre aussi bien au printemps (le grand magasin parisien) que dans des galeries spécialisées, exemple Ecart International … que dans des magasins : Espace Temps, Mobilier International.

 

Les années 50, 60 font de même recette dans les salles de ventes aux enchères.

 

Pour le designer Pierre Paulin : « les insectes post modernes se sont nourris de l’énorme cadavre fonctionnaliste… »

Le designer français est à l’écoute du client, (aussi bien l’industriel qui réalise que le public qui utilise), c’est l’équilibre entre la valeur signe et la valeur d’usage…

 

 

Pour mieux explorer cette période, nous avons essayé de suivre le designer Pierre Paulin puisque nous avons fait une partie du chemin en parallèle dans les années 1970/2000 avec nos collections de tissus et nos mises au point de structures nouvelles adaptées aux besoins du marché dans notre savoir-faire.

 

Ses sièges sensuels et élégants ont fait le tour du monde et sont devenus des classiques. Son esprit et ses formes ont guidé et inspirent encore un grand nombre de designers internationaux de ce début du XXIème siècle. Ces pièces maîtresses sont dans les plus grands musées de la planète.

 

Pierre Paulin né à Paris en 1927, une enfance dans la ville terne de Laon, qui ne laissera à Pierre Paulin que peu de souvenirs. Heureusement, les vacances passées à la montagne en Suisse le réconfortent. Montagnes qui resteront pour lui le seul refuge sur terre.

Paulin rêve à son oncle Georges Paulin un gentleman dessinateur d’automobiles dont une Bentley Streamline et une Peugeot décapotable, héros de son cœur.

Sans doute garde-t-il aussi dans ses gênes quelque chose d’un grand oncle suisse, sculpteur statuaire.

 

 

Le jeune Paulin parti pétrir la glaise à Vallauris, pour maîtriser la technique du modelage où il croise Pablo Picasso qui lui révèle l’importance de l’art. Puis, il ira tailler les pierres du côté de Beaume où il ne sera pas sculpteur mais gardant une sensibilité d’artiste. Il est reçu en 1951 à l’école Camondo dans la section décoration. Il s’y ennuie, même s’il reconnaît y avoir appris le b.a.-ba des « styles » dont la France est si fière et qui, enfouis en lui toute sa vie, ressortiront par intermittence. Le décorateur Maxime Old, remarque ses talents et lui conseille, au sortir de l’école, d’aller travailler dans l’équipe de Marcel Gascoin dont l’esprit « moderne » (à l‘époque était « moderne » tout ce qui n’était pas ancien et donc « contemporain ».

 

 

Lorsqu’il rejoint pour un court séjour l’atelier de Marcel Gascoin, où il retrouve Pierre Guariche et Michel Mortier, Paulin admire le design scandinave. Il part sur place découvrir le nouvel art de vivre au Grand Nord où l’on prône une simplicité presque austère, tempérée par l’amour de la lumière, l’attirance vers la nature, la blondeur du bois. Ils inventent un design ameublement très fonctionnel basé sur un rationalisme et un bon sens. Il y découvre l’œuvre d’Alvar Aalto, ce « moderniste organique » qui a su adoucir une idéologie digne des grands modernes, sans leur brutalité, grâce à un contreplaqué superbe et une sérénité faite d’ondulations tempérées. Paulin est conquis.

ameublement design Paulin

 

Travaillant brièvement à l’atelier des Galeries Lafayette, il tombe sur le travail du designer américain Charles Eames.  Enthousiaste, il le dévore, s’en inspire bien naturellement comme on le fait d’un maître. C’est l’aire des influences. Lorsqu’il signe son propre fauteuil Oyster chez Artifort. Paulin n’a jamais nié ces influences. Il envie cette génération de designers américains travaillant dans des firmes d’ameublement comme la Herman Miller Furniture Co. ou Knoll Associates. 

 

 

Il se lance à vingt-six ans en se faisant éditer par son propre père et expose sous son nom son projet au salon des Arts ménagers de 1953.

Le succès est immédiat, il fait aussitôt l’objet de la couverture de la revue La Maison française ! De 1953 à 1967, il collabore à une série de meubles pour Thonet France, où il comprend que le design, c’est aussi la souplesse d’esprit, le respect des commandes, un projet collectif, une rentabilité. Durant cette période, il crée le plus beau siège de sa jeunesse, édité par les Meubles TV en 1954. Légèreté, équilibre, sensualité : le style Paulin est né.

 

Pour l’assise, un simple anneau formé de quatre morceaux de cuir tendus et cousus entre eux, autour d’un trou central. Le piétement : deux carrés en acier inoxydable plié réunis par des bagues. Résultat, un siège confortable, simplissime, aérien.

fauteuil noir Paulin

Il utilise la technique de la sellerie automobile garni d’un tissu extensible lycra. L’élasticité lui apporte une solution innovante pour éviter les plis et minimiser les contraintes des tapisseries pour la chauffeuse CM194,

Cette assise est le point de départ et marque une rupture fondamentale dans son parcours. Le tube, la mousse et la housse sont des ingrédients qu’il va développer pour les créations futures.

D’autres fauteuils suivront l’un en forme de sacoche, en acier chromé et cuir, édité par Artifort, et l’autre, deux bandes de cuir séparées au piétement ravissant, très léger et géométrique, réédité par Artifort qui confirme une collaboration de longue durée « produire des meubles de bureau en série, mon rêve ». Pierre Paulin impose sa personnalité dans la ligne des pionniers du design américain. Passionné, il conçoit ses créations dans l’espace avec la détermination de l’artisan et la finesse du sculpteur. Il maîtrise le volume, la matière et la technique.  

 

A la gloire des sixties

ameublement art deco paulin

 

Paulin, comme la plupart des jeunes loups de l’après-guerre, a assimilé à la fin des années cinquante le concept de la forme libre. Les sièges coques de Charles Eames ou de Elio Saarinen, les tables en forme de flaque ou de haricot à la Nogushi ou à la Perriand lui font vite épouser les lignes sinueuses et les courbes.
 

Il va être parmi les derniers « modernes » à lier l’ingrédient « rigueur » à la sauce « organique ». Les meubles de Paulin vont s’adoucir et onduler, s’approcher des formes naturelles, en bannissant exaltation ou exagération, toujours à la manière cartésienne.

 

Paulin peut enfin mettre en pratique ses idées, aller jusqu’au bout de ses désirs, expérimenter, mener un travail où il est le maillon créatif de la chaîne normale du design et peut suivre jusqu’au bout la réalisation et la production d’un meuble.

 

 

 

ameublement design moderne paulin

 

Arrondir les angles, assouplir les lignes devient le credo de tous.

Jamais comme à ce moment-là, Paulin ne collera autant à l’esprit de son temps. On a aussi appelé les sixties les années pop, et Paulin, une émanation du pop.

 

Le public a changé dans les années 1960, ce qui est propice à une nouvelle écriture. Pierre Paulin pense aux jeunes de la génération baby boom. Il est inspiré et compose une série de sièges « MUSCH ROOM, BUTTERFLY GLOBE, TONG ORANGE SLICE» et le fauteuil « RIBON ».
Il est le pionner de la technique d’habillage, d’ossature métal garnie de mousse et de tissu ameublement extensible lycra. Le siège décliné, variation du tapis séjour est édité par Mobilier international en 1968. Jean Coural, directeur de l’ARC du mobilier international entame une collaboration importante, grande galerie au musée du Louvre, il dessine des banquettes circulaires en mousse.

 

Le pavillon français de l’exposition internationale d’Osaka en 1970, Pierre Paulin réalise une longue banquette tricolore, un siège sans fin, le précurseur de la culture pop.

Il est totalement un designer de son temps jusqu’à en être devenu une icône, à la définition de ces années particulièrement « pop ». Et « populaires », elles le furent !

 

Dans la France de 1960, le concept de « design » est flou. Des « dessinateurs industriels » apparaissent mais ils peinent à s’attaquer sérieusement au marché du mobilier, traditionnellement encore aux mains des « ensembliers-décorateurs ».

La culture d’entreprise n’existe pas, les ateliers de recherche du design intégrés à l’industrie sont balbutiants. Rien à voir avec les Américains ni avec les Scandinaves et les Italiens qui mettent en place une nouvelle production « made in Italy ».

 

Être designer ou éditeur en France dans les années cinquante-soixante, cela tient d’un courage presque suicidaire. Ils ont du mal à persévérer, ils n’ont jamais tout à fait les moyens pour développer leurs talents. Certains bien sûr se préoccupent de la qualité visuelle des produits, comme Jacques Viénot un peu à la manière de Raymond Loewy aux Etats-Unis. Les échecs malheureusement sont fréquents. Ce ne sont pourtant ni la passion ni les idées des éditeurs français qui manquent, seulement un maillon essentiel : celui de l’intérêt et de la curiosité des industriels, des distributeurs et des publicitaires.

 

Le parcours du combattant de Pierre Paulin dans son pays est adouci heureusement par la chance de travailler à l’étranger et d’être reconnu internationalement (Etats-Unis, Japon) qui provoque une vénération inespérée après vingt ans de purgatoire.

 

Un art de l’assise « relax »

fauteuil rouge arbre Paulin ameublement

 

On a l’impression, pendant ces années énergétiques, que l’on ne pensait qu’à paresser ! On s’étonne, dans ces temps si dynamiques, de la multitude de sièges « relax » réalisés par Paulin chez Artifort entre 1959 et 1974 dans des tissus placide Joliet, fabriqués par Tissage de Cardailhac.

 

Se détendre est devenu un art. Cela offre à Paulin, quoi qu’il en soit, une belle occasion pour décliner une vaste famille de formes.

 

Pas de signe de mollesse chez Paulin, mais un confort qui s’appelle un réconfort. En réalité, aucun siège n’a à cette époque de forme sérieusement ergonomique.

Plus que le corps lui-même, c’est partout l’idée de sa « libération » qui prévaut.

Les sièges doivent donner envie de bouger, de s’asseoir de mille manières, de s’étirer, de rêver, de jouer de la guitare, de « discuter » comme l’on disait en écoutant Johnny Halliday, Jacques Brel ou Jean Ferrat et les autres.

 

 

 

 

 

Ameublement : Années plastiques, élastiques, utopiques

Tous ces sièges semblent vouloir se réincarner en « coquille » universelle. Cependant, il y a une différence de taille chez Paulin ; ses coques ouvertes ne sont que rarement en fibre de verre aussi rigide. Quoi de plus rond et accueillant que son célèbre Champignon, métamorphose très réussie des sièges crapauds du XIX° siècle… fauteuil que Paulin lui-même considère comme son projet le plus abouti, le revêtement est en tissu moulant et moelleux. Il innove encore. Il a l’idée d’enrober les fauteuils de housses, ce qui se fait déjà, mais en les « gainant » d’un tissu ameublement qui vient d’être conçu : le jersey élastique en laine. Ce jersey est alors mis spécialement au point par le fabricant de sièges professionnels Artifort et sera parfois décoré de graphismes, Jack Lenor Larsen.

pierre paulin 3 fauteuils couleur

Tissus cardailhac pierre paulin

 

 

Les couleurs sont vitaminées, gorgées de « peps », vert vif, jaune, orange, rose shocking à la Schiaparelli, violet, rouge coquelicot et bleu ciel soutenu !

 

 

Paulin est le seul, avec Verner Panton dont les couleurs sont plus électriques, à offrir autant de coloris. Il prouve qu’il sait se plier au goût des jeunes consommateurs de ces années-là.

 

 

Les sièges doivent pouvoir être pensés comme des systèmes aboutis en polyester renforcé de fibre de verre, garni de mousse et revêtu de tissu de laine.

 

 

Paulin fait beaucoup plus drôle avec Amphis en 1970 Mobilier national. Il joint les uns aux autres de grands modules dont la structure articulée leur permet de serpenter à volonté, sans base, juste posés sur l’ineffable moquette, élément du décor alors incontournable le tapis à poils blancs en laine…

 

Amphis peut être réalisé, grâce aux trois boudins encastrés sur les armatures en métal et assemblés, en diverses couleurs superposées à la manière d’une « tranche napolitaine ». il en existera un rouge et blanc, réédité en 1998 chez Habitat.

 

tissu ameublement design cardailhac paulin

 

Bleu blanc rouge pour représenter la France à l’Exposition universelle d’Osaka en 1970. Ou un tout rouge cardinal commandé pour l’hôtel Nikko à Paris en 1976, Le style Paulin serait la quintessence d’une voluptueuse sobriété.

 

 

C’est de là aussi que lui vient l’idée de cacher l’éclairage sous des tissus tendus sur les carcasses métalliques comme ses sièges.

 

Une idée qui ne l’a plus quitté. On taxe souvent le tissu de cache-misère, Paulin le voit comme un rêve, un embellissement, une épure.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans les années 1970/71, il est en charge de la décoration de l’appartement particulier du Président Pompidou qui affirme vouloir remettre la France dans la modernité.

Tout en préservant les œuvres existantes classées. Paulin réalise un environnement global : siège Élysée, guéridon, plateau circulaire de la salle à manger sont indémodables.

pierre paulin siege musee

Il dit ne pas s’intéresser au textile en tant que tel, pourtant son utilisation participe aussi de sa signature.

Le tissu enveloppe les murs, absorbe la lumière. Sur les stands, chez les particuliers, dans les bureaux comme dans les appartements élyséens du Président Pompidou, Paulin voit l’espace comme une superbe bulle souple, tissu souple dont la texture devient une seconde peau.

Pour le Président Pompidou en 1971 à l’Élysée, ce sera du beige, souhait de Mme Claude Pompidou illustrant une certaine idée du bonheur ce qui symbolise au travers du couple présidentiel, une France heureuse qui ne connaît pas encore le chômage, le terrorisme ou les réseaux sociaux.

Ils ont incarné la France des « 30 glorieuses » en affichant leur goût pour l’art, les plaisirs de la vie et la prospérité. Le Président Pompidou parallèlement incarne la révolution industrielle des années 1960/1970 et la décontraction ambiante économique.

Début 1980, Pierre Paulin renoue avec une pratique artisanale, il travaille avec l’ARC et ses compagnons. Il expose 10 meubles au musée des arts décoratifs en 1983. Les intentions du style développent une écriture architecturale sans une ride à ce jour.

En 1983, Roger Tallon, Pierre Paulin et Michel Schereiber crent ADSA Partners, les projets se succèdent à grande vitesse : le funiculaire de Montmartre, le métro, le méga TGV, le val 208, le métro de Toulouse …

 

 

Le rêve américain de Pierre Paulin

Depuis la baie vitrée qui surplombe le cœur battant de la foire du design, distric de Miami, la statue bleue représentant « Le Corbusier » de Xavier Veilhan, Pierre Paulin lové dans le creux d’un de ses tapis sièges aux formes d’origami, certainement apprécié la vue depuis. Jeux de forme, réalisations grandeur nature d’un de ses projets les plus chers : un habitat modulaire pensé pour l’éditeur de mobilier de bureau Herman Miller qui dormait à l’état de maquette depuis 1972.

Il n’a pas eu le bonheur de voir son rêve réalisé en grandeur normale 3D. Mais le jour de l’inauguration de la foire de Miami en 2014, sa veuve Maïlha et leur fils Benjamin venus spécialement de Paris pour le vernissage, on eut le sentiment du devoir de mémoire accompli. Aujourd’hui, la maquette fait partie des collections du Centre Pompidou.

 

 

Cette liberté de construire offerte à l’usager, et devenir l’architecte à partir d’éléments de base, combinables à l’horizontale : tapis, siège, … et à la verticale : cloisons, étagères, … invitant chacun à concevoir son propre aménagement et faire évoluer en même temps que sa famille et ses goûts. Ceci est conforme à notre philosophie, Tissus de Cardailhac.

 

Nos collections, faites de la place au haut de gamme, à la fantaisie ... :